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LINDA OYER 
CENTRE MENNONITE DE PARIS,
MEMBRE DE L'ÉQUIPE PASTORALE
DE L'ÉGLISE DE LAMORLAYE

Publié avec l'aimable autorisation des
Art. paru dans :
Christ Seul No 992 octobre 2009

Il est bon de chanter notre foi. Certains chants, même inspirés de textes bibliques, posent cependant quelques problèmes... Quand un texte hors contexte devient prétexte...

Les paroles d'un chant peuvent nourrir notre foi. Cependant, un chant peut aussi nourrir une vision guerrière et conquérante de la vie chrétienne (« Debout sainte cohorte, soldats du Roi des rois ») ou une vision quelque peu irréaliste (« Ma vie est remplie de roses »). De manière générale, nous veillons à la justesse théologique des paroles que nous chantons.

Mais quand le chant est un texte biblique mis en musique, nous sommes peut-être moins vigilants et prudents. Après tout, ce sont des textes bibliques, et par définition vrais et justes ! Pourtant, chanter un texte biblique appelle aussi à la réflexion, car un texte peut avoir été sorti de son contexte.

SI MON PEUPLE...

Il existe un chant inspiré de 2 Chroniques 7,14 :
« Si mon peuple, sur qui est invoqué mon nom, s'humilie, prie et me cherche, se détourne de ses mauvaises voies, je l'exaucerai des cieux, j'effacerai son péché, et son pays je guérirai ». En regardant le contexte, on remarque
qu'il s'agit d'une phrase qui commence au verset 13 : « Quand je fermerai le ciel et qu'il n'y aura point de pluie, quand j'ordonnerai aux sauterelles de consumer le pays, quand j'enverrai la peste parmi mon peuple ; si mon peuple... » En résumé, Dieu dit que lorsqu'il juge son peuple au travers de sa terre par des phénomènes physiques, si celui-ci s'humilie, le cherche et se repent, Dieu enlèvera les conséquences du jugement.
Quand ce texte est chanté aujourd'hui et retiré de son contexte, le sens devient flou et les paroles laissent la porte ouverte à différentes interprétations.

• De quel « peuple » s'agit-il ? Le peuple d'Israël ? Ou l'Eglise (1 Pi 2,10) ?
• De quel « pays » s'agit-il ? Israël ? Ou la France ? Ou n'importe quel territoire ? • Et que veut dire « guérir » ? Si les chrétiens en France s'humilient et se repentent, Dieu enverra-t-il la pluie là où elle manque, chassera-t-il le virus H1N1 hors de nos frontières et fera-t-il que la crise économique s'arrête et le chômage diminue ?

PAS D'ATTACHEMENT NATIONALISTE

A la différence d'Israël dans l'Ancien Testament, l'Eglise n'a pas de rapport « territorial » à un pays. Aucune nation ne peut se dire chrétienne, car la totalité de ses habitants ne le sont pas. Nous, chrétiens, ne possédons aucun pays. Nous sommes plutôt des étrangers et des gens de passage dans la nation où nous nous habitons (1 Pi 2,11).
Bien sûr, si les chrétiens s'humilient et se repentent, Dieu répond et pardonne leurs péchés. Mais ajouter la phrase « guérir son pays » ne conduit-il pas à une vision « territoriale » et nationaliste de la vie chrétienne ?
Je vous suggère un petit exercice : dans le chant « Merci d'un cœur reconnaissant », nous trouvons les paroles « Que le faible dise je suis fort ». Sont-elles inspirées de 2 Co 12,10 ou une citation exacte de Joël 4,10 ? Quelle est la différence d'interprétation, selon le contexte ?

 

CHANTER EN ET HORS ÉGLISE