julien labeth 70px

JULIEN LABETH
EGLISE D'ALTKIRCH
(F)

Publié dans le cadre de notre collaboration avec les
Editions mennonites
Art. paru dans :
Christ Seul No 1085 mars. 2018
 

Focus sur un hymne traditionnel anglais aux sonorités celtiques, plutôt à la mode dans le milieu évangélique, qui nous invite à recentrer notre louange sur le Christ.

Chaque strophe est structurée selon un schéma musical type : A1-A2-B-A1', ce qui permet au thème d’être facilement mémorisé par une assemblée. 

Il est bon de souligner la qualité de traduction de l’anglais au français : des phrases qui ont du sens, une relative  application dans l'octosyllabe, la recherche des rimes et le placement des césures. L’interlude musicale - à influence gaélique - entre chaque strophe est plus que bienvenue pour laisser à chacun le temps de respirer (oui, vraiment !) et faire résonner en soi la profondeur du texte chanté. La ponctuation de chaque strophe par un vers mentionnant Christ et synthétisant l’idée précédemment développée permet de bien rester centré sur l’essentiel.

JÉSUS AU CENTRE

Le chant propose un parcours autour de l’œuvre de Jésus-Christ sur Terre et de ses implications dans la vie de foi du chrétien : seul l’amour de Dieu (strophe 1), manifesté en Jésus-Christ - Dieu incarné, mort et ressuscité (strophe 2) – peut nous apporter, par la nouvelle alliance en son sang (strophe 3), espoir, lumière (strophe 1), paix, assurance et force (strophe 4).
Il est vrai que le chant met un accent fort sur notre relation personnelle à Dieu par une approche plutôt individuelle du salut et de ses implications. N’oublions pas de décliner ce que nous chantons dans nos relations aux autres et à notre monde : plus de luttes, plus de peur (strophe 1) !

Dans tous les cas, le titre de ce chant et de ce mensuel pourraient être inspirés de ce même verset : "Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ" (1 Corinthiens 3 : 11)

Paroles

IN CHRIST ALONE

En Jésus seul est mon espoir,
Lui, ma lumière, ma force, mon chant,
Pierre angulaire, solide rempart,
Même quand l’orage devient violent.
Oh, quel amour ! Oh, quelle paix !
Les luttes cessent, la peur se tait.
Mon réconfort, mon plus grand bien,
Dans l’amour du Christ je me tiens.

En Jésus seul, Dieu s’est fait chair,
Dans un enfant, oh, quel mystère !
Ce don d’amour, de sainteté,
Haï par ceux qu’il vint sauver.
Jusqu’à la croix il s’est livré,
Sur lui la colère est tombée.
Tous mes péchés, il les a pris ;
Par la mort de Jésus je vis.

Là, dans la tombe, il reposait,
Lumière vaincue par les ténèbres.
Quel jour glorieux ! Il apparaît,
D’entre les morts il se relève.
Et sur ma vie, par sa victoire,
Le péché perd tout son pouvoir.
Il est à moi, je suis à lui,
Racheté par le sang du Christ.

Je vis en paix, je meurs sans crainte,
Gardé par la puissance du Christ.
Du premier cri au dernier souffle,
Jésus est maître de ma vie.
Les plans des hommes ou du malin
Ne peuvent m’arracher de sa main.
Et qu’il revienne ou me rappelle,
Par la force du Christ je tiendrai.

Paroles anglaises et musique : Stuart TOWNEND – Keith GETTY

Pour aller plus loin :

  •  partition  avec paroles (pour des raisons de droit d'auteur, les liens vers les partitions seront activés ultérieurement)
  •  partition avec accords pour les musiciens
  •  video d’une version anglaise par "All Souls Orchestra " (UK) – accompagnement par un orchestre symphonique.
    A quand une telle version dans la francophonie ? RDV à la CME2018

Depuis quelques années, le style d'accompagnement de nos chants d'assemblée semble se standardiser au niveau de l'instrumentation (guitares, claviers électriques, batterie) et d'un style proche du pop-rock. Quelques pistes concrètes pour un accompagnement alternatif d'En Jésus seul.

NB : On se placera en Ré majeur (tonalité adaptée pour une assemblée). Une partition avec une proposition d'accords est disponible ici.


UN ACCOMPAGNEMENT MUSICAL AU SERVICE DU TEXTE

La première strophe plante le décor : l'accompagnement se voudrait sobre, pourquoi pas en commençant avec un piano, plaquant les accords et soutenant ainsi la mélodie chantée à l'unisson.
La fragilité de l’enfant-roi évoqué dans la 2ème strophe pourrait s'incarner par quelques cordes qui viendraient compléter l'harmonie dans le registre médium-aigu. On pourrait aussi imaginer une flûte irlandaise (ou à défaut une flûte traversière/à bec) qui doublerai le thème à ce moment-là également.
Le début de la 3ème strophe aborde la thématique de la mort du Christ. L'accompagnement (majeur et plutôt léger jusqu'ici) ne semble plus en phase avec la gravité de la situation : Dieu, en Jésus est mort ! Un emprunt en Si mineur pour les 4 premières mesures avec des tremolos aux cordes précédemment utilisées serait tout indiqué. Mais l'histoire ne s'arrête pas là : Jésus est ressuscité ! Même une pédale de La sur les 3 mesures suivantes, accompagnée d'une montée en puissance sonore et spectrale, ne suffirait pas à manifester la gloire de Dieu à cet instant !
La confession de foi de la strophe finale pourrait être chantée un ton au-dessus (Mi majeur) afin de conclure avec assurance cet ode à la confiance et l'espérance !

RETOUR SUR LA STRUCTURE

Le thème identifié sous "B" plus haut appelle au changement : on fait ici un emprunt au ton de la sous-dominante (Sol majeur), ce qui apporte un nouvel élan musical soutenu par les thématiques nouvelles abordées par le texte. L'intensité musicale, le niveau sonore et le nombre de musiciens pourraient renforcer cette idée.
Autre constat : bien qu'on ait des carrures à 4 mesures, l'indication de mesure est quant à elle du 3/4 (et non 4/4 comme bien souvent) ! Le deuxième temps - ni fort ni faible - doit ainsi être inclus dans la rythmique. Aux percussionnistes d'être créatifs tout au long du chant pour jouer dans l'esprit de tout ce qui a été évoqué : compter jusqu'à 3 sur un bodhran* (ou un tom aigu) et, comme un conteur, faire avancer l'histoire.

Plus que ce qu'un tel accompagnement musical peut apporter au texte, changer l'instrumentation permettrait à d'autres personnes de nos églises, qui en ont peut-être moins l'habitude, de s'investir dans nos "groupes de louange" : c'est là que la notion d'Instrument pour louer Dieu prend tout son sens !


*tambour traditionnel irlandais

CHANTER EN ET HORS ÉGLISE