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HANSULI GERBER
ÉGLISE DE LA CHAUX-D'ABEL  
(CH)

Publié dans le cadre de notre collaboration avec les
Editions mennonites
Art. paru dans :
Christ Seul No 1101 août-sept. 2019 
 

Voici un chant de la liturgie de Taizé qui met en musique des paroles du Psaume 139.

La ténèbre n’est point ténèbre devant toi
La nuit comme le jour est lumière 


Les psaumes constituent un énorme trésor deprières chantées. Ils reflètent tous les états d’âmequ’un être humain puisse connaître : joie et tristesse, espoir et détresse, louange et plainte, désir de Dieu et vœu de destruction de l’ennemi, demande de pardon et de punition des malfaiteurs. L’être humain se montre dans la plénitude de ses aspirations et de ses abîmes. Il est entier et contra-dictoire, passionné et partagé. Il fait confiance et ilest désespéré. Il a la foi et il doute.

UN RÉPERTOIRE À REDÉCOUVRIR

Malheureusement, le répertoire de nos Églises ne contient quasiment pas de chants de psaume en entier. On en tire des phrases devenues slogans, sorties de leur contexte, démunies de leur ampleur et de leur profondeur.

Nos ancêtres chantaient les psaumes – les amish le font toujours, comme les frères ou les sœurs d’une communauté monastique. Pour nos assemblées, il serait déjà bien de lire ou réciter le psaume du dimanche ! Dans un monde noyé sous les sms, tweets et autres phrases raccourcies, chanter un psaume en entier serait un exploit qui ferait du bien !

DEVANT DIEU RIEN N’EST CACHÉ

Dans ce contexte, le chant proposé ici est une perle tirée du psaume 139 – un trésor dans le trésor. Ce dernier parle de la présence inexorable et implacable de Dieu qui me connaît et me sonde sans pour autant me menacer : impossible de se cacher devant Dieu. Celui pour qui Dieu est un père Fouettard verra dans ce psaume la gravité écrasante de cette présence. Celle qui voit en Dieu la miséricorde et la bienveillance y trouvera un réconfort inépuisable : mes ténèbres, impénétrables pour moi et pour mes proches, ne le sont pas pour Dieu. Même la nuit la plus totale ne peut me cacher devant Dieu. Pour lui, la nuit est comme le jour. En lui, pas de ténèbres. Cela implique aussi que Dieu puisse mettre de la lumière dans mes ténèbres et les transformer en lumière.

DES TÉNÈBRES À LA LUMIÈRE

Ne nous méprenons pas : il n’est pas souhaitable de tout dire en public. Tout ce qui nous habite n’est pas destiné à être exhibé. Par contre, il est bien de se rappeler que pour Dieu, je ne suis ni caché, ni perdu, ni impénétrable. Ni moi, ni le coin le plus sombre de ce monde. En Dieu, qui disait « que lumière soit », je suis en sécurité car mes ténèbres n’en sont pas pour lui. Bonne nouvelle qui m’ouvre un espace pour accueillir l’autre sans avoir peur de ses ténèbres.

Il est conseillé de lire le psaume 139 et de chanter ce chant à plusieurs reprises avant, pendant et à la fin de la lecture. C’est un chant liturgique dont lebut est de se laisser imprégner, non par un enthousiasme superficiel, mais par le mystère de la foi en Christ qui est la lumière du monde.

Pour aller plus loin :

CHANTER EN ET HORS ÉGLISE